Age du Bronze : Les récipients
Les récipients en céramique du Bronze Récent
Dans l’ensemble, les poteries du Bronze Récent présentent les mêmes caractères matériels que celles du Bronze Ancien. Toujours montées à la main et cuites à des températures modérées, elles sont fabriquées dans les mêmes terres. De surcroît, le répertoire des formes est marqué par une certaine continuité : les jarres à décor de cordons appliqués et à rangées d’impressions sont d’une morphologie très proche à celle des jarres du Bronze Ancien, mais plus grandes. Les cruches continuent à présenter une embouchure oblique. De nouveaux types de vases apparaissent aussi, tels des récipients doubles à anse de panier centrale, des bols globulaires munis d’anses verticales anguleuses qui dépassent du bord, et des jattes évasées à anses en lunette. Un grand plateau avec bord rentrant (ouverture environ 60 cm) muni d’une anse horizontale est pour l’instant unique, à Dikili Tash comme ailleurs.
Une proportion non négligeable de vases, essentiellement de bols globulaires à anses, porte un enduit au graphite que l’on a souvent du mal à distinguer des pâtes très riches en paillettes de mica détritique. En effet, une technique de décoration complexe, combinant incision, application d’un enduit au graphite et adjonction d’une peinture après cuisson, semble être propre au Bronze Récent de la région. Les motifs les plus fréquents sont les bandes spiraliformes et les bandes rectilignes, associées à des triangles ou à des cercles enfermés dans un cadre rectangulaire.
La fouille de 2008 a livré les trois premiers — et, à ce jour, les seuls — tessons de type mycénien sur le site, dont un au moins appartient à un bol caractéristique de l’ Helladique Récent IIIC . L’on ne sait pas encore s’il s’agit de fragments de vases importés ou de productions locales. Leur facture est néanmoins totalement différente du reste de la production contemporaine : ils sont façonnés au tour avec une argile claire contenant très peu de dégraissant et décorés avec une peinture brun foncé brillante, avant d’être cuits à une température sans doute élevée (≥ 850- 900°C) qui leur a donné une texture et un « son » caractéristiques.
Très peu de vases ont été trouvés dans des contextes suffisamment parlants pour permettre d’en dire plus sur leurs fonctions, ou du moins sur leur dernier usage. Le cas d’une jarre fragmentaire gisant sur un sol est quasi exemplaire : tout autour d’elle, se trouvaient de nombreux pépins de raisin carbonisés ; le vase lui-même semble être imprégné d’un résidu, actuellement en cours d’analyse. Il est possible qu’il ait servi à la fermentation de raisin pressé, perpétuant peut-être une pratique commencée à Dikili Tash dès le Néolithique Récent II.